Faire marcher les femmes au pas ?

Faire marcher les femmes

Auteure : Cynthia Enloe

Titre : Faire marcher les femmes au pas ? Regards féministes sur le militarisme mondial

Genre : essai / politique internationale (312 p.)

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Florence Mana et Joseph Cuétous

 

Parution : février 2016
ISBN : 979-10-94791-02-8 (broché)
Prix : 15 € (broché)

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Ce livre étudie les liens existant entre le militarisme et la mondialisation, à travers des exemples concrets et en insistant sur le rôle, rarement explicité, que jouent les valeurs assignées aux femmes et aux hommes dans nos sociétés. Après avoir mis en évidence le militarisme omniprésent dans le monde actuel, mais souvent occulté par le discours dominant, l’auteure présente des pistes stimulantes prenant en compte, dans une approche féministe, les niveaux personnel, local et global.

Cynthia Enloe est connue dans le monde entier pour ses nombreuses contributions, depuis les années 1980, à une vision renouvelée de la politique internationale et des questions de sécurité. En introduisant une « curiosité féministe » dans des domaines où régnait un consensus sans faille – et très masculin –, elle a ouvert des voies fructueuses de réflexion et d’action.

Extrait

Les idées ne deviennent pas prééminentes ni « normales » en un claquement de doigts. Il faut du temps et de nombreuses étapes – à peine visibles, généralement ; souvent insignifiantes, en apparence – pour que la « sécurité nationale » devienne militarisée, pour que les soldats deviennent les protecteurs en chef, pour qu’une femme devienne une « épouse de militaire », pour qu’un agresseur devienne une simple « brebis galeuse », pour que la suggestion qu’un homme est « féminin » puisse le remplir de honte. C’est pour cette raison que, pour suivre à la trace la militarisation – l’interaction des idées et des relations sociales dans la durée –, il est simultanément nécessaire de « penser en grand » et « penser en petit ». La recherche affinée sur la militarisation s’intéressera par conséquent aux plaisanteries, elle se penchera sur les notes de travail quotidiennes, elle rendra compte du non-dit. En même temps, il faudra disposer les pièces du puzzle de la militarisation, afin que se dessinent peu à peu les cadres plus généraux – l’arrière-plan, la doctrine, la culture, le climat, le système. Les plaisanteries et la culture, les notes et le système, les silences et le climat, les brebis et le troupeau.
Quand la militarisation genrée devient mondialisée, elle creuse sa route grâce aux idées qui flottent dans les institutions et les organismes. Cela signifie que, pour suivre les nombreuses voies par lesquelles la militarisation se diffuse, nous devons continuer de nous intéresser en profondeur aux niveaux personnel, local et national, tout en élargissant notre point de vue afin d’observer de quelle façon ces idées, structures et processus de militarisation franchissent les frontières territoriales.
De ce fait, pour suivre les phénomènes de mondialisation de la militarisation, il faudra développer une curiosité féministe qui s’exercera sur les mécanismes des alliances, des organisations humanitaires, des agences internationales, des médias internationaux, du commerce international, des mouvements internationaux de déplacement des populations migrantes, des soldat·e·s, des réfugié·e·s ou des diplomates.